On m’a fait des perfusions incessantes de glucose. Le médecin m’a dit : « Si vous ne marchez pas, c’est que vous ne le voulez pas ! »

Subitement, une nuit, j’ai eu des douleurs violentes dans le dos, à la hauteur des reins. J’étais en Lorraine. Après 2 jours de prise de calmants, j’ai vu un médecin généraliste qui m’a fait passer une radio. Je n’avais pas de calculs… Donc, c’était psychique.

Michel, 74 ans

Guillain-Barré à 46 ans (en 1982)

Interné en psychiatrie à cause du Guillain-Barré

On m’a transféré dans une clinique pour malades mentaux à Rueil-Malmaison où je n’ai pas été ausculté. Les paroles que je prononçais étaient vaines. Après 8 jours de douleurs de plus en plus intenses, je me suis écroulé en présence de mon épouse. Le psychiatre a déduit que la cause de ma maladie mentale était la présence de ma femme. On lui a interdit les visites.

Je ne pouvais plus boire ni manger. Il m’était impossible de fermer les yeux. Je pleurais en permanence. On m’a fait des perfusions incessantes de glucose. Le médecin m’a dit : « Si vous ne marchez pas, c’est que vous ne le voulez pas ! »

Après 2 mois d’alitement, j’ai réussi à ramper puis à me mettre debout en faisant des pas de 5 cm. Je parcourus 10 mètres. Huit jours plus tard, je fis le tour du jardin (100 m). L’extrémité des doigts et des orteils était très sensible au moindre petit choc au point d’en crier. On me libéra encore engourdi.

Le neurologue diagnostique un Guillain-Barré

Rentré chez moi, je suis allé seul à l’hôpital Foch à Suresnes où j’ai demandé un psychiatre. Le Dr J.-P. Charrier m’a révélé que ce mal n’était pas psychique mais neurologique. De 74 kg, j’étais arrivé à 58 kg (16 kg de moins).

Pendant 4 jours d’hospitalisation à Foch, on me fit une ponction lombaire et le Professeur Graveleau m’a donné son diagnostic : Guillain-Barré que l’on appelle aussi polyradiculonévrite. Aucun traitement. Il faut de la patience.

Licencié pour cause de lenteur au travail

Cinq mois après le début de la maladie, il me fallut reprendre le travail suivant la volonté de mon médecin généraliste. Avec mon métier de dessinateur dans les travaux publics et des plans de 120×90 à la planche à dessin, j’eus d’énormes difficultés pour soulever mes bras qui semblaient peser 5 kg chacun. Mes pas étaient de 10 cm. Ma production fut ralentie par rapport à l’habitude et ce fut mon licenciement (pour lenteur au travail et non pour cause de maladie).

Je reste aujourd’hui avec une paralysie faciale droite localisée sur l’œil et la bouche. Je ne peux plus siffler. Ce que je crains pour toujours désormais, c’est la parole des médecins.