Je tente de sortir ma voiture du garage pour aller à la pharmacie. Je me retrouve sur le dos. Je suis remis debout par deux passantes.
J’ai 81 ans, retraité, en pleine forme, oléiculteur à Claret (Hérault), demeurant à Montpellier. Je suis docteur en sciences biologiques (Montpellier, 21 juin 1971). J’ai exercé comme Ingénieur de recherches dans deux centres de recherche (CNRS-INSERM-CHUs) à Dijon et à Montpellier, en Biologie fondamentale.
Raymond, 81 ans
Guillain-Barré à 81 ans (en 2019)
Les premières difficultés apparaissent
Le 16 septembre dernier, en voyage chez mon fils en région parisienne (Ablon), impossible de l’aider à dépanner une porte de placard en panne (je suis très bricoleur). Mes mains refusent de serrer, je ne peux déboîter la porte.
Le 21 septembre, je prends la route avec ma femme pour Rennes (obsèques d’un cousin). J’ai des difficultés à faire le plein de ma voiture, la main refuse de serrer, je dois y aller à deux mains. En séjour chez nos cousins, faiblesse des jambes et des mains, je manque de tomber dans l’escalier menant au 1er étage.
Je prends la route du retour le 26. Après ravitaillement pénible à mi-route, c’est ma femme qui doit tourner la clef de contact. J’ai parcouru 1800 km aller-retour en 3 jours.
Le 27 septembre, croyant à un problème de canal carpien, je consulte au service de la main dans une clinique privée. Rendez-vous pour un ElectroMyoGramme dans 11 jours et ordonnance pour un anti-inflammatoire.
Ponction lombaire et EMG : diagnostic du Guillain-Barré
Le 28, je tente de sortir ma voiture du garage en sous-sol pour aller à la pharmacie. Je me retrouve sur le dos. Deux passantes (des infirmières) me remettent debout. Une fois dans la voiture : impossible de tourner la clef de contact. Je referme mon garage et plouf, sur le dos de nouveau ! Le SAMU m’envoie un équipage pour me relever et direction les urgences (une clinique privée) qui m’envoie le lendemain vers une autre clinique possédant un service de neurologie. J’y passe un IRM et je suis renvoyé le 29 au soir à la maison avec conseil de me mettre au lit !
Le lendemain, lundi 30, mon médecin traitant me fait admettre aux urgences du CHRU Gui-de-Chauliac de Montpellier où j’arrive à 20 heures. Réception, examen des dossiers, IRM à 3 heures du matin. Je suis paralysé mains-bras-pieds-jambes. On soupçonne un rétrécissement du canal médullaire mais il n’y a pas de compression de la moelle. Le service de neurochirurgie consulte son voisin, la neurobiologie.
Le 3 octobre, ponction lombaire, EMG et diagnostic : Syndrome de Guillain-Barré (SGB). Le 4 octobre, premier traitement par plasmaphérèse (PP), 2e PP le 5. Je recommence à bouger bras, jambes et orteils. 3e PP le 7 octobre, suivie d’une tous les 2 jours.
Je sors du CHU le 17 octobre, ré-hospitalisation pour double embolie pulmonaire le 5 novembre, retour des troubles du SGB le 21 novembre, plusieurs PP, sortie le 3 décembre 2019.
La fin du tunnel est en vue ?
Je suis admis le 10 décembre au Centre de ré-éducation Bourgés (Castelnau-le-Lez) en hôpital de jour. Traitement par balnéothérapie, kiné, ergothérapie. Brève escapade le 23 décembre en deux étapes, pour la région parisienne chez mes enfants, en voiture avec mon épouse en co-pilote (au cas où !).
Retour le 26 et retour en rééducation Bourgès. Plasmaphérèse le 30 au matin. Visite de synthèse par le médecin-chef du Centre Bourgés.
Le 2 janvier, déjeunant au Centre pour la 1ère fois, je rencontre une autre patiente atteinte gravement par le SGB il y a 5 ans, en soins intensifs.
Mon programme à venir : fin des soins prévue le 24 janvier. EMG prévue le 6 janvier (en neurobiologie) et PP prévue le 27 à Saint-Eloi (hématologie). La fin du tunnel est en vue ?
Je suis autorisé par le corps médical à récolter ma maigre récolte d’olives le 4 janvier : 7,5 kg et 1,3 l d’huile. Ouf !